
FERNAND LÉGER 1881-1955
93 x 113 cm (avec cadre)
Contresigné, titré et daté au dos : F. Leger ; Le chapeau vert et le fer à repasser ; 50
"Le Chapeau vert et le fer à repasser", peint par Fernand Léger en 1950, illustre parfaitement son approche unique du cubisme et de l'abstraction, tout en mettant en lumière les progrès technologiques et la modernité de l'époque. Cette œuvre juxtapose plusieurs objets domestiques tels qu'un chapeau orné de plumes et d’un ruban vert, une planche à repasser avec un fer à repasser et son cordon électrique, un cintre et un téléviseur. Léger réinterprète ces objets à travers une esthétique moderniste caractérisée par des formes géométriques et un traitement en aplat. L'analyse de cette œuvre révèle une structure visuelle dominée par des contours épais et des lignes noires, qui définissent clairement les formes de chaque objet. Cette technique de délimitation accentue la séparation et l'individualité des objets tout en créant une cohésion visuelle au sein de la composition. Le fond du tableau, composé de teintes d’orange et de blanc, contraste fortement avec les couleurs saturées et sombres des objets au premier plan, générant un effet visuel dynamique et stimulant.
Le chapeau vert, placé au centre-gauche, sert de point focal en raison de sa couleur plus vive et de sa forme fluide, qui diffère des lignes plus rigides du fer à repasser situé à droite. Ce contraste souligne la tension entre les formes organiques et manufacturées, un thème récurrent dans l'œuvre de Léger. Le cordon enroulé rouge et noir introduit un élément de mouvement et de complexité, ajoutant une dimension supplémentaire à la composition statique des autres objets. Le téléviseur, représenté en bas à gauche de la composition, symbolise l'innovation technologique et la modernité des années 50. Sa présence, associée à des objets domestiques comme le fer à repasser, suggère une scène de la vie quotidienne, le repassage devant la télévision. Cette reconstitution d'une scène domestique transforme le tableau en une nature morte contemporaine, mettant en scène des objets de la vie quotidienne typiques de l'époque. Léger, connu pour son exploration de la relation entre l'homme et la machine, adopte dans cette peinture une approche qui fusionne abstraction et réalisme. L'utilisation de couleurs vives et de formes stylisées caractérise son style, visant à capturer l'essence de la vie moderne tout en restant accessible. Les objets du quotidien, bien que simplifiés, demeurent reconnaissables, permettant ainsi une connexion immédiate et intuitive avec l'œuvre.
"Le Chapeau vert et le fer à repasser" démontre la capacité de Fernand Léger à transcender les frontières entre l'abstraction et le réalisme. En intégrant des objets banals dans une composition artistique sophistiquée, il révèle la complexité et la beauté de la vie moderne. L'œuvre illustre la vision de Léger de l'art comme un moyen de réfléchir sur la modernité et d'engager le spectateur dans une contemplation de la forme et de la couleur, tout en soulignant l'importance de la simplicité et de la clarté visuelle. Contrairement à l'esthétique de l'abstraction d'après-guerre, les natures mortes de Léger des années 1950 étaient destinées à plaire au public avec un style et des sujets plus accessibles et figuratifs. S'appuyant sur son expérience aux États-Unis, où il a vécu en exil pendant la Seconde Guerre mondiale, "Le Chapeau vert et le fer à repasser" partage plus conceptuellement avec le Pop Art qu'avec les œuvres puristes antérieures de Léger. En mettant en évidence la technologie domestique modernisée mais accessible de l'après-guerre, le fer à repasser électrique, cet objet ménager est au cœur de l'examen de Léger sur la culture de consommation en rapide évolution. L’œuvre élève les outils modestes du personnel de maison. Le cordon électrique sinueux apparaît presque comme un serpent, conférant une dimension supplémentaire de mystère à une scène apparemment simple. En défiant l'interprétation du spectateur de leur environnement quotidien, "Le Chapeau vert et le fer à repasser" précède la série des boîtes de soupe de Andy Warhol de plus de dix ans tout en abordant les mêmes questions concernant les objets contemporains et quotidien.
Provenance
Galerie Louise Leiris, Paris.Marie Cuttoli, Paris.
Perls Galleries, New York.
Jeffrey Horvitz Ltd, Los Angeles.
Kornfeld und Klipstein, Berne, 1982, lot 180.
Ancienne collection Waddington Galleries, Londres.
Expositions
Lyon, Musée de Lyon, Fernand Léger, 1955 (titré Le chapeau vert).Houston, Rice University Institute for the Arts, Léger our Contemporary, 1978.
Catalogues
Christian Zervos, Fernand Léger, Œuvres de 1905 à 1952, Paris, 1952, illustré p. 87 (titré Composition au chapeau vert et daté 1951).
Georges Bauquier, Fernand Léger, Catalogue raisonné de l'œuvre peint, 1949-1951, Paris, 1996, illustré sous le n°1370, p. 91.