
FERNAND LÉGER 1881-1955
Projet de décor pour "La Création du monde", circa 1922-1923
Gouache et encre sur papier fort
25.6 x 31.2 cm
Titré et signé au revers : Création du Monde ; FLeger
Fernand Léger est un artiste cubiste et est exposé à la galerie HELENE BAILLY. Cette gouache, réalisée par Fernand Léger en 1922-1923, constitue un projet de décor pour le ballet...
Fernand Léger est un artiste cubiste et est exposé à la galerie HELENE BAILLY.
Cette gouache, réalisée par Fernand Léger en 1922-1923, constitue un projet de décor pour le ballet La Création du monde, une œuvre novatrice et expérimentale dont la première représentation eut lieu en 1923. Ce spectacle, né de la collaboration entre les Ballets suédois, Blaise Cendrars pour l'écriture, Darius Milhaud pour la musique et Fernand Léger pour les décors et costumes, s’inscrit dans une période d’effervescence artistique, marquée par une fascination pour l’« art nègre » et la redécouverte des cultures extra-occidentales. Ce mouvement imprégnait les esprits créatifs du Paris des années folles. Dès le premier projet de cette commande des Ballets Suédois, apparait le nom de Fernand Léger qui manifeste déjà un vif intérêt pour l’art africain qu’il étudie dans des ateliers d’artistes qu’il rencontre à Paris. Des objets africains, il était possible dans ces années d’après-guerre d’en voir dans presque tous les ateliers et chez les collectionneurs que fréquentait Fernand Léger tels André Lhote et le marchand Henry Kahnweiler. Léger aborde cette commande avec son style moderniste caractéristique, dans lequel il combine son attrait pour la mécanique et la technologie avec une fascination pour les formes primitives. Le thème du ballet, inspiré d'une cosmogonie africaine, justifie les emprunts à l'iconographie africaine dans ses décors et costumes. Toutefois, ces influences n’ont pas poussé Léger à modifier son approche visuelle profondément ancrée dans la modernité. Il puise dans l’art africain pour créer des formes inédites tout en conservant son style, où les corps sont fragmentés et simplifiés en formes géométriques, intégrant les éléments culturels africains à son vocabulaire esthétique personnel.
Cette gouache montre trois figures monumentales, des divinités géantes, Nazme, Medere, N’kava, qui évoquent les sculptures et masques de la statuaire africaine. Léger utilise des couleurs naturelles, notamment le noir, le brun, le blanc et le rouge pour capter l'essence de cette esthétique archaïque et intemporelle. Le traitement des formes géométriques et abstraites renvoie à son langage visuel moderniste, où la fragmentation des corps et des visages rappelle à la fois la simplicité des arts primitifs et la mécanique moderne. Un aspect audacieux du ballet résidait dans les costumes et la chorégraphie. Léger conçoit des costumes animaux qui permettent aux danseurs de disparaître sous leurs personnages. Jan Börlin, le chorégraphe, introduit des mouvements innovants, comme la marche à quatre pattes, pour évoquer une gestuelle animale inédite. Cette chorégraphie riche et complexe, conjuguée à l'esthétique primitive des costumes, visait à neutraliser l’expression humaine, notamment à travers des masques ou des maquillages figés, rendant les visages neutres et déshumanisés.
Cette gouache, en tant que projet de décor, est emblématique de la rencontre entre modernité et archaïsme qui définissait La Création du monde. Les figures divines et les formes géométriques témoignent de la manière dont Léger s’imprégnait des influences de l’art africain pour les réinterpréter à travers un prisme avant-gardiste. L’œuvre dans son ensemble, incluant la musique de Darius Milhaud, les décors, les costumes et les mouvements chorégraphiques, se voulait une œuvre totale où chaque élément contribuait à une expérience esthétique unifiée et profondément novatrice.
Les études à la mine de plomb et à la gouache de Léger pour ses décors de ballet s’inspirent de références précises, comme les masques et statues Sénoufo et Baoulé de la Côte d'Ivoire, les masques Baga de Guinée, les statuettes d'Angola, ainsi que les Kachinas des Indiens d'Amérique du Nord. De ces objets, lui ayant servi de référence, Léger n’a en outre retenu que les éléments qui caractérisent sa propre vision artistique. Il ne s’agit à aucun moment d’imitation mais d’une transposition d’une œuvre poétique. Cet événement marqua une parenthèse majeure dans la carrière de Léger. À travers ses projets dessinés, ses études et ses huiles, Léger exprime une rencontre singulière entre son intérêt pour la mécanique moderne et son admiration pour les formes primitives. La Création du monde reste un symbole de cette époque, où l'art africain traditionnel était revisité par les avant-gardes européennes, créant un dialogue unique entre les cultures et une réinvention des formes artistiques.
Cette gouache, réalisée par Fernand Léger en 1922-1923, constitue un projet de décor pour le ballet La Création du monde, une œuvre novatrice et expérimentale dont la première représentation eut lieu en 1923. Ce spectacle, né de la collaboration entre les Ballets suédois, Blaise Cendrars pour l'écriture, Darius Milhaud pour la musique et Fernand Léger pour les décors et costumes, s’inscrit dans une période d’effervescence artistique, marquée par une fascination pour l’« art nègre » et la redécouverte des cultures extra-occidentales. Ce mouvement imprégnait les esprits créatifs du Paris des années folles. Dès le premier projet de cette commande des Ballets Suédois, apparait le nom de Fernand Léger qui manifeste déjà un vif intérêt pour l’art africain qu’il étudie dans des ateliers d’artistes qu’il rencontre à Paris. Des objets africains, il était possible dans ces années d’après-guerre d’en voir dans presque tous les ateliers et chez les collectionneurs que fréquentait Fernand Léger tels André Lhote et le marchand Henry Kahnweiler. Léger aborde cette commande avec son style moderniste caractéristique, dans lequel il combine son attrait pour la mécanique et la technologie avec une fascination pour les formes primitives. Le thème du ballet, inspiré d'une cosmogonie africaine, justifie les emprunts à l'iconographie africaine dans ses décors et costumes. Toutefois, ces influences n’ont pas poussé Léger à modifier son approche visuelle profondément ancrée dans la modernité. Il puise dans l’art africain pour créer des formes inédites tout en conservant son style, où les corps sont fragmentés et simplifiés en formes géométriques, intégrant les éléments culturels africains à son vocabulaire esthétique personnel.
Cette gouache montre trois figures monumentales, des divinités géantes, Nazme, Medere, N’kava, qui évoquent les sculptures et masques de la statuaire africaine. Léger utilise des couleurs naturelles, notamment le noir, le brun, le blanc et le rouge pour capter l'essence de cette esthétique archaïque et intemporelle. Le traitement des formes géométriques et abstraites renvoie à son langage visuel moderniste, où la fragmentation des corps et des visages rappelle à la fois la simplicité des arts primitifs et la mécanique moderne. Un aspect audacieux du ballet résidait dans les costumes et la chorégraphie. Léger conçoit des costumes animaux qui permettent aux danseurs de disparaître sous leurs personnages. Jan Börlin, le chorégraphe, introduit des mouvements innovants, comme la marche à quatre pattes, pour évoquer une gestuelle animale inédite. Cette chorégraphie riche et complexe, conjuguée à l'esthétique primitive des costumes, visait à neutraliser l’expression humaine, notamment à travers des masques ou des maquillages figés, rendant les visages neutres et déshumanisés.
Cette gouache, en tant que projet de décor, est emblématique de la rencontre entre modernité et archaïsme qui définissait La Création du monde. Les figures divines et les formes géométriques témoignent de la manière dont Léger s’imprégnait des influences de l’art africain pour les réinterpréter à travers un prisme avant-gardiste. L’œuvre dans son ensemble, incluant la musique de Darius Milhaud, les décors, les costumes et les mouvements chorégraphiques, se voulait une œuvre totale où chaque élément contribuait à une expérience esthétique unifiée et profondément novatrice.
Les études à la mine de plomb et à la gouache de Léger pour ses décors de ballet s’inspirent de références précises, comme les masques et statues Sénoufo et Baoulé de la Côte d'Ivoire, les masques Baga de Guinée, les statuettes d'Angola, ainsi que les Kachinas des Indiens d'Amérique du Nord. De ces objets, lui ayant servi de référence, Léger n’a en outre retenu que les éléments qui caractérisent sa propre vision artistique. Il ne s’agit à aucun moment d’imitation mais d’une transposition d’une œuvre poétique. Cet événement marqua une parenthèse majeure dans la carrière de Léger. À travers ses projets dessinés, ses études et ses huiles, Léger exprime une rencontre singulière entre son intérêt pour la mécanique moderne et son admiration pour les formes primitives. La Création du monde reste un symbole de cette époque, où l'art africain traditionnel était revisité par les avant-gardes européennes, créant un dialogue unique entre les cultures et une réinvention des formes artistiques.
Provenance
Collection Michel Parisot, Bordeaux.