A partir des années 1930, les œuvres de Oscar Dominguez sont intimement liées à la nature. Sa conception nait d’un rapport entre sa violence intérieure et l'activité tellurique attachée à son enfance passée dans l'île de Tenerife aux Canaries. Lorsqu'il exécute une œuvre l'acte de peindre est lié à la vie secrète et profonde de la terre et des volcans - non pas que l'activité géologique l'ait intéressé en tant que motif pictural - mais parce que comme l'écrit son biographe, “l'essence de sa peinture se fond avec la convulsion volcanique, avec toutes ces énergies qui s'agitent à vif, divination du commencement ou dernière ombre du monde”. Oscar Dominguez traverse en 1939 une période cosmique ou l’automatisme gestuel s’affirme dans un dynamisme tournoyant et dans une prolifération apocalyptique de réseaux anguleux. On observe une certaine similitude avec le vertige spatial de Tanguy, ainsi qu’avec les premiers tâtonnements d’une recherche pluridimensionnelle. Dans Paisaje de Redes, Dominguez évolue vers une sorte de cristallisation. Il nous met en présence d'un espace à la fois structuré et spontané résultant de « l’automatisme gestuel ». Ici, les signes d'aridité se multiplient, les réseaux anguleux remplissent tout l'espace de la toile, comme si les sentiments de l’avant-guerre submergeaient le peintre, comme si ceux-ci semblaient manifester le pressentiment des événements prêts à précipiter le monde dans le chaos. Littéralement traduit par « Paysage aux sphères ou paysage de réseaux », la présente œuvre peut également se rattacher aux neurones et à leur connexion organisée en réseaux. A la base du système nerveux humain, ils génèrent des milliards d’informations permettant au cerveau de communiquer avec le corps. Cristallisateur de nos pensées et de nos actes, ce réseau angulaire est inhérent à la nature de l’homme.