Le dripping, littéralement "Gouttage" en Français, permet à Sam Francis de s'exprimer de manière spontanée et gestuelle. Il abandonne les pinceaux traditionnels au profit de divers outils tels que des brosses, des goutteurs ou des bâtons, qui lui permettent de manipuler la peinture et de la faire jaillir sur la toile avec une grande liberté. Les couleurs se mêlent, se superposent et se dispersent de manière aléatoire, créant ainsi des textures et des effets visuels uniques. Cette technique du dripping permet à Sam Francis d'explorer la notion de mouvement et de flux dans ses œuvres. Les coulées de peinture captent l'énergie du geste et donnent une impression de mouvement et de dynamisme à la surface de la toile. Les couleurs vives et lumineuses utilisées par l'artiste renforcent cette sensation de vitalité et créent des compositions visuellement saisissantes.

En laissant la peinture s'exprimer de manière libre et spontanée, il s'éloigne des conventions artistiques établies. Sam Francis a trouvé son style personnel dans les années 1950, période pendant laquelle il a passé du temps à Paris et au Japon. Il a combiné l'Action Painting et la Colour Field Painting, issus de l'Expressionnisme abstrait, avec le Tachisme et les influences de l'art japonais et de la calligraphie. Sa peinture se caractérise par des couleurs saturées et une spontanéité picturale. Rejoignant les rangs de la jeune avant-garde européenne, ses œuvres ont été exposées à Paris, Londres et Berne. Sa participation à l'exposition "Twelve Americans" en 1956 au Museum of Modern Art de New York lui a également valu une forte reconnaissance aux États-Unis. Cette période des années 1950 marque un changement stylistique, passant de compositions étendues en valeurs monochromes à des explosions de couleurs vives sur un support blanc.