
HENRI LAURENS 1885-1954
Grande table cariatide, 1938
Bronze à patine brune
53.1 x 158 cm
Monogrammé et numéroté : HL ; 3/6
Porte le cachet du fondeur : C. Valsuani Cire Perdue
Porte le cachet du fondeur : C. Valsuani Cire Perdue
Henri Laurens est un artiste cubiste et est exposé à la galerie HELENE BAILLY. La Grande table cariatide incarne la pleine maturité du style d'Henri Laurens dans les années 1930,...
Henri Laurens est un artiste cubiste et est exposé à la galerie HELENE BAILLY.
La Grande table cariatide incarne la pleine maturité du style d'Henri Laurens dans les années 1930, témoignant de sa maîtrise unique de la forme et de l’espace. Formé à l'origine dans un atelier d'ornementation architecturale, Laurens y apprit la maçonnerie, le dessin d'architecture et la sculpture décorative. Cependant, sa rencontre décisive avec Georges Braque transforma sa carrière en l'amenant à mettre son talent de sculpteur et ses connaissances structurelles au service des nouvelles préoccupations du cubisme. Cette rencontre marqua le début de deux grandes phases dans son œuvre : une période cubiste, à partir de 1911, et une phase plus formelle, dès 1932. La frontière entre ces périodes est fluide, avec des éléments de sa phase formelle visibles dès 1921-22 mais aussi des expérimentations cubistes tout au long des années 1920. C’est pendant cette période que Laurens commence à exploiter pleinement les possibilités offertes par le bronze, matériau qu’il utilisera pour affirmer ses formes sculpturales.
La Grande table cariatide, créée en 1938, est un exemple monumental de cette évolution. Cette œuvre ne se limite pas à un bel objet décoratif ; elle incarne l’approche formelle de Laurens, intégrant les courbes fluides et organiques caractéristiques de ses dernières créations. Laurens a consacré de nombreuses sculptures au thème de la femme allongée, aussi bien en bas-relief qu’en trois dimensions, dès les années 1920. Dans cette pièce, il a aminci la figure féminine pour en faire une cariatide élégante qui sert de base à la structure de la table. Contrairement aux cariatides classiques, où la figure soutient le poids sur sa tête, ici, la figure féminine supporte la structure dans son entier, exploitant la longueur de son corps, ses bras et ses jambes entrelacés dans une harmonie architecturale.
Daniel-Henry Kahnweiler, grand admirateur de Laurens, décrit ainsi son œuvre : « La sculpture d'Henri Laurens est restée – pour reprendre une expression de Juan Gris – de la ‘grande sculpture’. Je définis la ‘grande sculpture’ comme Masson définissait la ‘grande peinture’ – une sculpture dans laquelle les vides sont aussi importants que les pleins. Chacune des œuvres de Laurens est un tout cohérent, intégral, mais en même temps empreint d'une douce sensualité. Son art est très français ; ses formes gracieuses et fluides me rappellent la sculpture du XVIe siècle de Jean Goujon. » (Daniel-Henry Kahnweiler, ‘Recollections of Laurens’ in Hofmann op. cit., p. 49-50).
Les cariatides d’Henri Laurens représentent une interprétation moderne et singulière d’une figure emblématique de l'Antiquité, la femme-pilier. Connues pour leur rôle architectural, les cariatides servaient traditionnellement de support dans les temples grecs, alliant beauté féminine et fonctionnalité structurelle. Cependant, chez Laurens, cette fonction de support est abandonnée au profit d’une approche sculpturale qui explore davantage la forme et le volume, dans une démarche avant tout artistique et non utilitaire.
Les cariatides de Laurens ne portent plus d'édifice ; elles portent plutôt en elles-mêmes la charge émotionnelle et poétique de leur forme. La figure féminine y est souvent représentée dans une posture d’intériorité, presque méditative, qui rappelle les idéaux de beauté antique tout en rejetant la fonction traditionnelle de support. Laurens réinvente la cariatide pour en faire un symbole de féminité ancrée et intemporelle, alliant la force du matériau à la douceur de la figure humaine.
La Grande Cariatide se distingue par ses courbes exagérées et ses formes entrelacées, notamment la ligne de la poitrine et les membres qui s'enroulent autour de la structure. Ces courbes et vides, caractéristiques de Laurens, créent un équilibre entre sensualité et rigueur architecturale, tout en évoquant une certaine légèreté dans le port de la structure. La facilité apparente avec laquelle cette cariatide supporte le poids au-dessus d’elle contraste avec les représentations traditionnelles et souligne la puissance expressive du bronze, matériau qui confère à l’œuvre sa stabilité tout en permettant une expressivité fluide et élégante.
La Grande table cariatide incarne la pleine maturité du style d'Henri Laurens dans les années 1930, témoignant de sa maîtrise unique de la forme et de l’espace. Formé à l'origine dans un atelier d'ornementation architecturale, Laurens y apprit la maçonnerie, le dessin d'architecture et la sculpture décorative. Cependant, sa rencontre décisive avec Georges Braque transforma sa carrière en l'amenant à mettre son talent de sculpteur et ses connaissances structurelles au service des nouvelles préoccupations du cubisme. Cette rencontre marqua le début de deux grandes phases dans son œuvre : une période cubiste, à partir de 1911, et une phase plus formelle, dès 1932. La frontière entre ces périodes est fluide, avec des éléments de sa phase formelle visibles dès 1921-22 mais aussi des expérimentations cubistes tout au long des années 1920. C’est pendant cette période que Laurens commence à exploiter pleinement les possibilités offertes par le bronze, matériau qu’il utilisera pour affirmer ses formes sculpturales.
La Grande table cariatide, créée en 1938, est un exemple monumental de cette évolution. Cette œuvre ne se limite pas à un bel objet décoratif ; elle incarne l’approche formelle de Laurens, intégrant les courbes fluides et organiques caractéristiques de ses dernières créations. Laurens a consacré de nombreuses sculptures au thème de la femme allongée, aussi bien en bas-relief qu’en trois dimensions, dès les années 1920. Dans cette pièce, il a aminci la figure féminine pour en faire une cariatide élégante qui sert de base à la structure de la table. Contrairement aux cariatides classiques, où la figure soutient le poids sur sa tête, ici, la figure féminine supporte la structure dans son entier, exploitant la longueur de son corps, ses bras et ses jambes entrelacés dans une harmonie architecturale.
Daniel-Henry Kahnweiler, grand admirateur de Laurens, décrit ainsi son œuvre : « La sculpture d'Henri Laurens est restée – pour reprendre une expression de Juan Gris – de la ‘grande sculpture’. Je définis la ‘grande sculpture’ comme Masson définissait la ‘grande peinture’ – une sculpture dans laquelle les vides sont aussi importants que les pleins. Chacune des œuvres de Laurens est un tout cohérent, intégral, mais en même temps empreint d'une douce sensualité. Son art est très français ; ses formes gracieuses et fluides me rappellent la sculpture du XVIe siècle de Jean Goujon. » (Daniel-Henry Kahnweiler, ‘Recollections of Laurens’ in Hofmann op. cit., p. 49-50).
Les cariatides d’Henri Laurens représentent une interprétation moderne et singulière d’une figure emblématique de l'Antiquité, la femme-pilier. Connues pour leur rôle architectural, les cariatides servaient traditionnellement de support dans les temples grecs, alliant beauté féminine et fonctionnalité structurelle. Cependant, chez Laurens, cette fonction de support est abandonnée au profit d’une approche sculpturale qui explore davantage la forme et le volume, dans une démarche avant tout artistique et non utilitaire.
Les cariatides de Laurens ne portent plus d'édifice ; elles portent plutôt en elles-mêmes la charge émotionnelle et poétique de leur forme. La figure féminine y est souvent représentée dans une posture d’intériorité, presque méditative, qui rappelle les idéaux de beauté antique tout en rejetant la fonction traditionnelle de support. Laurens réinvente la cariatide pour en faire un symbole de féminité ancrée et intemporelle, alliant la force du matériau à la douceur de la figure humaine.
La Grande Cariatide se distingue par ses courbes exagérées et ses formes entrelacées, notamment la ligne de la poitrine et les membres qui s'enroulent autour de la structure. Ces courbes et vides, caractéristiques de Laurens, créent un équilibre entre sensualité et rigueur architecturale, tout en évoquant une certaine légèreté dans le port de la structure. La facilité apparente avec laquelle cette cariatide supporte le poids au-dessus d’elle contraste avec les représentations traditionnelles et souligne la puissance expressive du bronze, matériau qui confère à l’œuvre sa stabilité tout en permettant une expressivité fluide et élégante.
Provenance
Galerie Louise Leiris, Paris.Nathan Cummings, Palm Beach (acquis auprès de celle-ci dans les années 1960).
Helene Cummings Karp, Palm Beach (par succession).
Hill Gallery, Palm Beach.
Catalogues
W. Hofmann et D.-H. Kahnweiler, The Sculpture of Henri Laurens, New York, 1970, p. 218 (une autre épreuve illustrée, 166 et 167).Catalogue d'Exposition, Henri Laurens, Exposition de la donation aux Musées Nationaux, Paris, 1967, un autre modèle illustré