Depuis les années 1930, Joan Miro utilise ce signe spontané des trois brins pour représenter les cheveux sur la tête de ses personnages. Notre oeuvre appartient à une série de cinq tableaux de mêmes dimensions (27 x 19 cm) réalisés du 22 au 26 juillet 1976, dans lesquels il décline le thème de la « femme aux trois cheveux » de différentes façons. Cette série d'huiles sur toile de petit format révèle l'imagination, presque enfantine, mais inépuisable de l'artiste qui utilise le même répertoire de formes et de symboles en les poussant jusqu'à leur paroxysme. L'aspect enjoué, voire naïf, de l'art de Miro est parfaitement volontaire. L'insouciance que ce tableau dégage rappelle l'humour silencieux souvent présent dans l'oeuvre de Miro.

Dans le début des années 1970, le noir envahit les toiles de Miro et forme le dessin. Les coups de pinceaux de l'artiste sont visibles, créant un effet de dynamisme subtile mais efficace dans la masse sombre de cheveux.

Dans cette composition, Miro joue sur les contrastes. Il oppose le noir des cheveux et le blanc de l'arrière-plan et du visage. De même, l'épaisseur de la coiffure est balancée par la finesse des trois épis de cheveux. Au sein même du tableau, l'opacité s'oppose à la transparence, la stabilité à la légèreté. Les trois cheveux sont mis en valeur par le bleu, ajoutant une touche ponctuelle de couleur qui apparaît essentielle à la composition.

Avec une palette restreinte et une grande économie de moyen, Miro parvient à créer une image énergique où les émotions primaires dominent et pour laquelle l'attrait est immédiat.

Maître incontesté de l'art du XXe siècle et consacré figure historique de son vivant, Joan Miro a une réputation parfaitement établie en 1976. Cette année voit par ailleurs l'inauguration de la Fondation Joan Miro à Barcelone.