Apparues dans les années 30, les aquarelles font parties intégrantes de l’œuvre de Maurice Estève. Par celles-ci, il associe les méthodes traditionnelles à des formes d’expressions nouvelles dont il tire une gamme infinie de possibilités créatives. « Dans l’aquarelle, il y a la transparence de la couleur véhiculée par l’eau laissant parfois apparaître le papier », disait Estève en quête de ces « formes-couleurs » s’ordonnant presque naturellement. Notre « composition » incarne parfaitement le cheminement artistique qu’il suit tout au long de sa carrière. Pour créer ses œuvres, Estève ne part jamais d’un concept bien établi mais s’abandonne à l’inspiration du moment en laissant la couleur dominer l’évolution de son œuvre. La couleur et la forme deviennent indissociable. Il ne s’en sert pas pour créer une idée concrète mais pour créer des formes indépendantes liées à ses souvenirs et ses expériences vécues. Cette aquarelle se présente comme une topographie dont le centre de gravité, formé par les éléments principaux, occupe le centre de la composition. Les contrastes de couleurs sont ici abondants et délimitent les surfaces tantôt par une superposition tantôt par un bord dont la couleur, en séchant s’est assombrie. Devant cette œuvre, le spectateur éprouve la sensation de la couleur dont les nuances varient sans cesse d’une forme à une autre.