Pour cette 27e édition d’ART PARIS, la galerie HELENE BAILLY propose d’examiner cet oxymore propre à la production artistique du mitan du XXe siècle : faire figurer l’absence.
Par un XXe siècle meurtri par deux guerres mondiales, par une prise de conscience de l’absurdité de la condition humaine, mais aussi par un refus esthétique et moral d’impératifs formels, certains artistes de cette période préfèrent rendre compte de la condition humaine par des figures fantomatiques.
L’homme moderne, loin d’un Prométhée conquérant, se retrouve Atlas amaigri, dont la tête ploie sous le poids de son aliénation. Mais c’est alors que survient l’émotion inégalée dans les œuvres de la sélection, celle d’une mère et de son enfant chez Larionov, d’un frère à son frère chez Giacometti, où d’un peintre pour son mentor pour Picasso dans son Hommage à Degas.
Faire figurer l’absence permet à nos artistes d’explorer de nouvelles techniques et formes d’art. Ainsi Dubuffet dans Le Rôdeur au site urbain précise sa technique des Tableaux d’assemblages, de même, Laurens dans Tête de femme, expérimente le collage, technique découverte chez son ami Braque. Remarquons aussi que les titres de ces deux œuvres, sup- ports d’expérimentation, refusent de nommer leur sujet, figuré sans réelle présence. Il n’est caractérisé que par sa condition urbaine chez Dubuffet.
De la difficulté de figurer et de la progressive omniprésence de l’absence, naît l’abstraction. Apogée de l’absence, l’abstraction triomphe dans la deuxième moitié du XXe siècle, représentée dans notre sélection par Poliakoff, Soulages ou encore Zao Wou-Ki...